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Jan van Haensbergen est un peintre du siècle d’or hollandais et un élève de Cornelius van Poelenburgh (Utrecht 1594 – 1667) dont il imite ici les paysages inspirés par le séjour en Italie de ce dernier. Cette Assemblée dans des ruines antiques nous a séduit par son atmosphère onirique. Dans un décor de ruines antiques, trois personnages drapés (peut-être des baigneurs) sont assis en cercle et s’apprêtent à accueillir un quatrième personnage qui marche vers eux.

 

 

Vivante illustration de l’otium, ce temps de loisir qui permet à chacun de se réaliser pleinement, leur tranquillité contraste avec l’agitation des personnages en arrière-plan.  Par ce paysage arcadien, Jan van Haensbergen nous invite à notre tour à faire une pause, à profiter du moment présent en discutant avec des amis choisis et nous adresse comme dans une invitation à partir en vacances…

 

  1. Jan van Haensbergen, paysagiste et portraitiste du siècle d’or hollandais

 

Jan van Haensbergen naît en 1642 à Gorinchem, une ville du Sud de la Hollande située à l’est de Rotterdam. Il est l’élève de Cornelius van Poelenburgh et commence par peintre des paysages inspirés par ceux de son maître, dans un style italianisant. Il est enregistré à La Guilde de Saint Luc d’Utrecht entre 1668 et 1669.

 

Il déménage en 1669 à La Haye où il s’inscrit à la Confrérie Pictura, une société d'artistes fondée en 1656.  Ses portraits qui deviennent son activité principale en tant que peintre après son installation à La Haye sont très influencés par Caspar Netscher (Prague ou Heidelberg 1639 – La Haye 1684) qu’il rencontre à La Haye et dont le fils Constantijn deviendra son gendre en épousant sa fille Magdalena.

 

Outre son travail d’artiste, Van Haensbergen est également marchand d'art, probablement aidé par sa nomination en tant que doyen de la Confrérie Pictura, où il donne également des cours.

 

2. Description et œuvres en rapport

 

Cette œuvre nous semble être une sorte d’allégorie de l’otium, cette félicité tranquille promise par Epicure. Elle pourrait d’ailleurs évoquer un proverbe épicurien : « Il vaut mieux être couché sur le sol et être serein, que d'avoir un carrosse en or et une riche table et d'être inquiet »[1].

 

Trois jeunes gens drapés – deux hommes et une femme en arrière-plan - sont assis en cercle et s’apprêtent à accueillir un quatrième personnage qui marche vers eux, les cheveux ébouriffés et le corps drapé dans une serviette comme s’il se séchait après un bain, indiquant le besoin d’une purification préalable pour jouir pleinement de ce repos. Leur nonchalance contraste avec l’agitation des différents personnages vêtus à l’antique qui s’affairent en arrière-plan.

 

La composition est rythmée par des diagonales successives et s’ouvre sur la droite sur un paysage dans lequel différents plans montagneux se succèdent. Cette peinture est typique des œuvres italianisantes réalisées par Van Haensbergen dans les années 1660-1670 sous l’influence de Cornelis van Poelenburgh (et ce sans jamais se rendre lui-même en Italie). Une comparaison avec le Bain des Nymphes conservé au Mauritshuis de La Haye et daté de 1665 nous amène à penser que notre tableau serait vraisemblablement postérieur, la composition nous paressant plus architecturée (et donc faisant preuve de plus de maturité) que celle du tableau du Mauritshuis.

 

Un autre tableau au sujet similaire attribué à Jan van Haensbergen (et anciennement à Cornelis van Poelenburgh) est conservé dans les Musées Royaux de Belgique.

 

3. Provenance et encadrement

 

Ce tableau provient de la collection personnelle de Paul Touzet (1898 – 1981). Celui-ci ouvre dans l’entre-deux guerre sa première galerie rue de l’Université à Paris. Il s’installe ensuite rue des Beaux-Arts où il présente surtout des tableaux hollandais et flamands. L’expertise en vente publique devient son activité principale dans les années 60 et il officie comme un des experts de tableaux les plus réputés dans les ventes parisiennes jusqu’à sa disparition en 1981.

 

Pour encadrer ce tableau nous avons choisi un cadre italien en bois doré et peint du XVIIème siècle dont la chaude dorure fait chanter les couleurs ocrées de notre tableau, alors que les rehauts de noir évoquent les cadres hollandais de la même époque.



[1] Cité par Thomas G. Rosenmeyer (1973). The green cabinet: Theocritus and the European pastoral lyric. Berkeley:  University of California Press page 65